vendredi, novembre 10, 2006

Chers Ouroboriens

Il sera question de ce texte demain. Apollon et Hermès s'échangent des cadeaux. Bonne lecture

Hermès et Apollon

« Ensuite Hermès pénétra dans l’antre de pierre, et ramena au jour les vaches aux têtes puissantes; le fils de Léto, qui regardait de loin, aperçut les peaux de vache sur une haute pierre, et demande bientôt à l’illustre Hermès :
Comment as-tu pu, tête rusée, égorger deux vaches, toi, un enfant qui vient de naître? Je suis moi-même étonné de ta force, qui m’effraie pour plus tard : il ne faut pas te laisser longtemps grandir, fils de Maia, dieu du Cyllène!
En parlant ainsi, il lui attachait les bras avec des liens solides –des branches de gattilier; celles-ci, sous ses pieds, prenaient aussitôt racine en terre, à l’endroit même, en s’enchevêtrant les unes dans les autres, et gagnèrent facilement, selon le dessein du subtil Hermès, toutes les vaches agrestes : Apollon considérait le prodige avec étonnement. »

« Dans sa joie, Phoibos Apollon se mit à rire : les accents séduisants de cette voix divine allèrent au fond de son cœur, et le doux désir s’empara de son âme, pendant qu’il écoutait… Apollon sentit un désir invincible lui soulever la poitrine; il prit la parole, et tint ces propos ailés : Tueur de vaches, travailleur à l’esprit ingénieux, compagnons de festins, cet objet de tes soins vaut bien cinquante vaches! Je pense que notre différend se règlera, rusé fils de Maia : est-ce depuis ta naissance que ces dons merveilleux te sont attachés, ou bien quelqu’un des Immortels ou des hommes mortels t’a-t-il fait ce superbe présent, et enseignée le chant divin? J’écoute cette voix admirable et nouvelle… Quel est cet art? Cette inspiration qui apaise les soucis inéluctables? Quel chemin y conduit? Il contient vraiment trois plaisirs à la fois : gaieté, amour et doux sommeil… J’admire, fils de Maia, ta grâce à jouer de la cithare… »

Hermès lui répondit par ces paroles rusées :
« Tu es fort habile dans tes demandes, Dieu Archer : moi, je ne refuse pas de t’initier à cet art, qui est le mien. Tu le sauras aujourd’hui même : je veux bien te favoriser dans mes desseins et mes propos : mais toi, tu sais tout dans ton esprit. Tu sièges au premier rang parmi les Immortels, fils de Zeus; tu es vaillant et fort; le prudent Zeus te chérit –ce n’est que justice- et t’a concédé des dons éclatants… libre à toi d’apprendre cet art à quoi tu rêves! Hé bien! Puisque ton cœur te pousse à jouer de la cithare, chante, joues-en, sois tout à ce plaisir que tu reçois de moi : mais alors, mon ami, donne-moi la gloire… Je sais même te donner cette lyre, noble fils de Zeus; alors nous, ô Archer, nous ferons paître des bœufs agrestes sur la montagne, et dans la plaine qui nourrit les chevaux. C’set là que les vaches, s’accouplant aux taureaux, donneront quantité de mâles et de femelles tout à la fois : toi qui aimes ton profit, tu ne dois pas rester violemment irrité!

À ces mots, il lui tendit la cithare; Phoibos Apollon l’accepta, puis il donna séance tenante à Hermès un fouet brillant, et lui confia la garde du troupeau : le fils de Maia reçut ces faveurs avec joie. Tenant la cithare à sa gauche, le noble fils de Léto, Apollon, le Seigneur Archer, en éprouvait les cordes avec un plectre, selon la mélodie; et la lyre, sous ses doigts, rendit un son formidable… »

Tiré de R. Lopez Pedraza, Hermès et ses enfants



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