mercredi, octobre 10, 2007

Chers amis, bonjour

Il me fait plaisir de vous annoncer la reprise des rencontres du Cercle Ouroboros.
Nous avons débuté la semaine passée.
L'automne sera consacré à une grande dame de la psychologie des profondeurs: Marie Louise von-Franz.

Je vous préparerai une petite bibliographie bientôt.

J'ai envoyé les textes des contes en format PDF à tous les participants.

Je pourrais les afficher ici, aussi, si besoin est.

À bientôt

Flavia

samedi, avril 28, 2007

Les mots lancés
à bout portant

les-uns contre les autres
porteurs d'imaginaires
s'entrechoquent
sur l'échiquier étroit
du réel.

Les mots lancés
aux quatre vents
comme des désirs
filants
au bout d'un ciel
inachevé
déjouent le néant

Flavia Garcia

J'ai déjà oublié
comment l'aurore
assassine la rage
lovée dans la nuit
sans limites
J'ai déjà oublié
la douceur
des gouttes de rosée
s'écoulant
à travers mes doigts
vides de toi

Flavia Garcia

jeudi, avril 26, 2007

Chers Ouroboriens, chères Ouroboriennes et autres amis blogueurs, bonjour

En prévision de l'atelier de samedi prochain, je vous livre quelques petits extraits, certains de Jung, tous très savoureux.

Jung, à propos de Nietzsche:

...Je lus Ainsi parlait Zarathoustra. Ce fut comme pour le Faust de Goethe, une des plus fortes impressions que je reçus. Zarathoustra était le Faust de Nietzsche et mon côté numéro 2 était mon Zarathoustra... Zarathoustra était morbide, j'en étais persuadé. Mon numéro 2 l'était-il aussi?
Cette possibilité me remplit d'une terreur que je ne voulus de longtemps m'avouer... Nietzsche a parlé naivement et inconsidérement de cet arrheton, de ce secret, comme si tout était dans l'ordre des choses normales. Mais moi j'avais su très tôt que l'on fait ainsi de mauvaises expériences. Son génie aurait dû lui suggérer très tôt que quelque chose allait de travers. Son malentendu morbide, pensais-je, avait été de livrer sonnuméro 2, avec une naiveté et un manque de réserve excessifs, dans un monde totalement ignorant de pareilles choses et incapable de comprendre. Il était animé de l'espérance enfantine qu'il rencontrerait des hommes qui pourraient éprouver son extase et comprendre "la transmutation de toutes les valeurs". Mais il culbuta dans le monde du mystère et de l'indicible qu'il voulut prôner à une masse amorphe et abandonnée des dieux.
C. Jung Ma vie p. 128-129


...et un petit passage de Ainsi parlait Zarathoustra.


C'est aux contempteurs du corps que je veux dire leur fait. Ils ne doivent pas changer de méthode
d'enseignement, mais seulement dire adieu à leur propre corps—et ainsi devenir muets.
“Je suis corps et âme”—ainsi parle l'enfant. Et pourquoi ne parlerait−on pas comme les enfants?
Mais celui qui est éveillé et conscient dit: Je suis corps tout entier et rien autre chose; l'âme n'est qu'un mot
pour une parcelle du corps.
Le corps est un grand système de raison, une multiplicité avec un seul sens, une guerre et une paix, un
troupeau et un berger.
Instrument de ton corps, telle est aussi ta petite raison que tu appelles esprit, mon frère, petit instrument et
petit jouet de ta grande raison.
Tu dis “moi” et tu es fier de ce mot. Mais ce qui est plus grand, c'est—ce à quoi tu ne veux pas croire—ton
corps et son grand système de raison: il ne dit pas moi, mais il est moi.
Ce que les sens éprouvent, ce que reconnaît l'esprit, n'a jamais de fin en soi. Mais les sens et l'esprit
voudraient te convaincre qu'ils sont la fin de toute chose: tellement ils sont vains.
Ainsi Parlait Zarathoustra
Les sens et l'esprit ne sont qu'instruments et jouets: derrière eux se trouve encore le soi. Le soi, lui aussi,
cherche avec les yeux des sens et il écoute avec les oreilles de l'esprit.
Toujours le soi écoute et cherche: il compare, soumet, conquiert et détruit. Il règne, et domine aussi le moi.
Derrière tes sentiments et tes pensées, mon frère, se tient un maître plus puisant, un sage inconnu—il
s'appelle soi. Il habite ton corps, il est ton corps.
Il y a plus de raison dans ton corps que dans ta meilleure sagesse. Et qui donc sait pourquoi ton corps a
précisément besoin de ta meilleure sagesse?
Ton soi rit de ton moi et de ses cabrioles. “Que me sont ces bonds et ces vols de la pensée? dit−il. Un détour
vers mon but. Je suis la lisière du moi et le souffleur de ses idées.”
Le soi dit au moi: “Eprouve des douleurs!” Et le moi souffre et réfléchit à ne plus souffrir—et c'est à cette fin
qu'il doit penser.
Le soi dit au moi: “Eprouve des joies!” Alors le moi se réjouit et songe à se réjouir souvent encore—et c'est à
cette fin qu'il doit penser.
Je veux dire un mot aux contempteurs du corps. Qu'ils méprisent, c'est ce qui fait leur estime. Qu'est−ce qui
créa l'estime et le mépris et la valeur et la volonté?
Le soi créateur créa, pour lui−même, l'estime et le mépris, la joie et la peine. Le corps créateur créa pour
lui−même l'esprit comme une main de sa volonté.
Même dans votre folie et dans votre mépris, vous servez votre soi, vous autres contempteurs du corps. Je
vous le dis: votre soi lui−même veut mourir et se détourner de la vie.
Il n'est plus capable de faire ce qu'il préférerait:—créer au−dessus de lui−même. Voilà son désir préféré, voilà
toute son ardeur.
Mais il est trop tard pour cela:—ainsi votre soi veut disparaître, ô contempteurs du corps.
Votre soi veut disparaître, c'est pourquoi vous êtes devenus contempteurs du corps! Car vous ne pouvez plus
créer au−dessus de vous.
C'est pourquoi vous en voulez à la vie et à la terre. Une envie inconsciente est dans le regard louche de votre
mépris.
Je ne marche pas sur votre chemin, contempteurs du corps! Vous n'êtes point pour moi des ponts vers le
Surhumain!—
Ainsi parlait Zarathoustra.

F. Nietzsche Ainsi parlait Zarathoustra

Partie 1 section 4
(http://inventin.lautre.net/Ainsi_parlait_Zarathoustra.pdf)

Je vous reviendrai avec plus. Profitez de cette belle journée

Flavia
Cher B

Merci de ton commentaire. La question que tu poses est cruciale.
L'homme moderne (collectif) vit dans un tel état d'inflation qu'il s'imagine pouvoir se passer de ses fondations, de tout ce qu'il est. C'est l'orgueuil de l'ego qui pense pouvoir tout contrôler.

Je crois, comme Jung, que nous sommes tous liés par l'inconscient collectif qui pourrait très bien être le grand rêve de quelqu'un d'autre.

Quand à Laborit, je te reviendrai bientôt là-dessus. D'après moi, il ne contemple pas la possibilité d'un phénomène spirituel qui permettrait à l'homme de s'affranchir du collectif.

À suivre

Flavia

vendredi, avril 20, 2007

Chers amis du Cercle Ouroboros et autres amis bloggueurs



Edinger a choisi cet extrait de Jung pour débuter le premier chapitre de
Science of the Soul

Man has always lived in the myth, and we think we are able to be born today and to live in no myth, without history. That is a desease, absolutely abnormal, because man is not born every day. He is born once in a specific historical setting, with specific historical qualities, and therefore he is only complete when he has a relation to these things. If you grow up with no connection with the past, it is just as if you were born without eyes and ears... (and) that is a mutilation of the human being.
C. Jung

dimanche, avril 08, 2007

Chers amis d'Ouroboros. Voici un site en français proposant le test pour découvrir son type psychologique

Au plaisir

http://merelle.net/test/

samedi, avril 07, 2007

À propos de types psychologiques:

Intuition and sensation are the pair that perceive information, so they are called the "non-rational" functions, because they simply gather information in a non-critical way, that is, without processing it. Intuition and sensation perceive reality quite differently. Intuition is the perceiving function that sees things whole, or in the broad context. It grasps the big picture and also sees the implications. When it looks at something, it imagines where it came from and how it arrived at this palce. It looks for antecedents, for history, for broad general trends. It also speculates about the future, asking where is this going?. And perhaps, what is most important, intuition asks, what are the possibilities of what I'm seeing?
Sensation is the perceiving function that notices details. It is interested in the precise nature of things. It asks, what does it look like? How is it constructed? How does it function? Sensation likes to take apart things, data, ideas, to see what makes them tick. It will pursue its search for information until it finds every piece and fits it into a picture. Only then, when it is all complete, is it able to see the whole picture, but it has shown infinite patience in the process of gathering. Sensation depends very much upon the senses, which are its primary source of information. This is why it is called "sensation"

Thinking and feeling are the functions that process information. To do so, certain judgements must be made, therefore these two are called the "judging functions". However they process information in different ways. Having received information through either intuition or sensation, and most likely from both in varying degrees, it is now teh role of thinking or feeling to determine a course of action. Thinking proceeds with some deliberation, evaluating the situation and looking at the pros and cons. it applies certain values or standards to determine the general direction in which to move, and sets forth goals or objectives. Thinking then begins to formulate plans that will lead step by step from the data to the desired result. I am not speaking of business here, necessarily; although it may sound as if I am, but the thinking process can apply to any situation, to anyone, at any age. It is a reasoning process and it aims to carry through from beginning to end.
Feeling is also a judging process, but it operates quite differently from thinking to achieve its ends. Feeling depends upon a personal or subjective value system -there is something conscious or unconscious, against which objective reality is measured. Feeling operates with spontaneity , responding directly to a situation before analyzing its very aspects to determine its worth or usefulness. Feeling says: I like that, or that will never do. Feeling has a way of sizing up a person or a place without stopping to figure out why it comes to the conclusions it does. It can easily decide whether something is acceptable or not. Feeling is associated with empathy; the person with a strong feeling function can look into the face of another and realize that what the other is experiencing -pain or pelasure, hurt or anger. This is different from intuition, which sees things whole and does not have strong subjective responses. People with strong feeling functions base their responses to situations on their sense of what is right or wrong, appropiate or inappropiate, urgent or not urgent, or any other criteria by which something may be judged.

From Boundaries of the soul. June Singer




jeudi, mars 22, 2007

La demoiselle sans mains

Un meunier travaillait au moulin de son village depuis aussi longtemps que l’on puisse se souvenir. Il travaillait fort, faisant tourner le moulin à la main et transformant le grain en farine. Avec cet honnête travail, il faisait sa contribution à la vie du village. De temps en temps, un ou deux animaux l’aidaient à accomplir le dur labeur. Un jour, le diable apparut et lui dit : Moyennant un tribut, je te montrerai comment moudre le grain avec beaucoup moins d’effort et beaucoup plus vite.

Le meunier supposa que le diable demanderait le vieil arbre qui se trouvait derrière le moulin et conclut immédiatement l’accord avec lui.

Le diable connecta alors le moulin à une roue qui utilisait l’énergie de la rivière pour le faire tourner plus vite. Le meunier se mit à produire beaucoup de farine qu’auparavant avec beaucoup moins d’effort ce qui le mit de fort bonne humeur, d’autant plus que dorénavant il avait plus de temps libre. Sa femme était occupée avec la comptabilité de la nouvelle entreprise. Quant à la fille du meunier, elle n »était pas concernée par tous ces changements et continuait à mener sa vie, innocente.

Mais le meunier avait oublié qu’il y avait un prix à payer pour tous ces avancements. Ainsi, le diable apparut pour toucher son dû. Le meunier se dirigea vers l’arbre pour l’abattre et le donner au diable mais il fut horrifié lorsqu’il aperçut sa fille assise en dessous. Alors, le diable changea d’idée et demanda la fille comme prix. Le meunier ne voulait pas la lui céder mais séduit parle gain de son moulin, finit par acquiescer. Le diable coupa alors les mains de la fille et les emporta avec lui.

Pendant quelque temps, la fille ne se plaignit de rien. Après tout, il y avait assez de serviteurs à la maison pour s’occuper de tout et elle n’avait pas besoin de faire quoi que ce soit de ses mains. Quand enfin la fille osa se plaindre de sa condition, la mère répliqua qu’elle n’avait besoin de rien faire. La fille goba cette explication. À quoi bon des mains –pensa-t-elle- si tout était déjà fait par d,autres mains?

La vie de la famille se poursuivit mais la fille devenait de plus en plus malheureuse et stressée. Sa vie mécanique lui apparaissait de moins en moins acceptable. Elle commença à pleurer et bientôt ne put plus s’arrêter. Alors se réveilla la sagesse innée à tout féminin et suivant son instinct, elle se leva et partit, toute seule, dans la forêt où elle resta calme et tranquille. Elle avait faim, était piquée par des insectes et n’avait pas de mains pour se nourrir. Mais elle se sentait à la maison dans la solitude apaisante de la forêt.

Par chance elle arriva dans un jardin, le jardin du roi. Mais pour l’atteindre elle devait traverser un marais, ce qu’elle fit péniblement, en s’aidant de toutes ses forces.

Dans le jardin il y avait un poirier que le roi affectionnait beaucoup Chaque poire portait un numéro et une étiquette. La fille s’arrangea du mieux qu’elle put pour manger une poire. Elle mangea une poire par jour et réussit ainsi à rester en vie. Bientôt, le jardinier du roi remarqua que les poires disparaissaient et en fit rapport au souverain. Pour découvrir le malfaiteur, celui-ci se cacha dans le jardin et attendit. C’est alors qu’il fut témoin de la tâche pénible à laquelle se livrait le jeune fille pour se nourrir et tomba immédiatement amoureux d’elle,

L’ayant épousée, le roi lui fit cadeau d’une paire de mains en argent et fit d’elle sa reine, la présentant à la cour avec ses nouvelles mains argentées.

Avec le temps, la reine mit au monde un garçon. Mais un jour, elle commença à pleurer et ne put s’arrêter car elle voulait prendre soin de son bébé avec ses mains qu’elle n’avait pas et cette fois-ci, la logique du roi ne put pas s’imposer et elle continua a verser des larmes, une mer de larmes salées.

Elle partit alors, et emmena son fils dans la solitude de la forêt. De la même façon qu’elle s’était déjà sauvée une fois, elle se sauva cette fois-ci de la domination plus subtile mais non moins dangereuse du roi. Le roi était terrifié à l’idée de perdre sa femme parce qu’il l’aimait vraiment mais son amour avait été unilatéral et était devenu une prison pour elle.

Mais voilà qu’un événement tragique se produisit. En effet, le bébé tomba dans la rivière et elle vit avec horreur qu’il se noierait si on ne faisait rien immédiatement. Elle appela au secours mais personne n’accourut. Alors, elle plongea ses mains d’argent dans l’eau et sauva l’enfant. Et c’est à ce moment-là que le miracle se produisit. Elle avait retrouvé ses mains.

mercredi, mars 14, 2007

Conte Soufi


À une goutte de sperme qui ne possédait ni ouie, ni intelligence, ni esprit, ni vue, ni attribut royal, ni attribut d'escalve; qui ne connaissait ni chagrin, ni joie, ni supériorité, ni infériorité, Dieu a donné un abri dans la matrice. Puis il a transformé cette eau en sang et ce sang en chair, et dans le sein maternel où il n'avait ni mains, ni outillage, il a créé les fenêtres de la bouche, des yeux et des oreilles il a façonné la langue et le gosier, et le trésor de la poitrine ou il a mis un coeur qui est à la fois une goutte, un monde, une perle, un esclave et un roi.

Quelle intelligence peut comprendre qu'il nous ait amenés de cet état ténébreux et ignorant jusqu'à la lumière du jour où nous vivons?

Et Dieu a dit: As-tu vu, as-tu entendu d'où je vous ai amenés et jusqu'où? Maintenant encore je te dis que je ne te laisserai pas ici non plus. Au-delà de ces jours et ces nuits où tu vis je t'emmènerai en un lieu très doux que tu ne peux imaginer ni te représenter. Et si tu ne le crois pas, réfléchis un instant. Comment cette goutte de sperme aurait-elle pu te croire si tu lui avais dis: Dieu a créé un monde au-delà de ton univers de ténèbres, un monde où il y a un ciel, un soleil, un clair de lune, des provinces, des villes, des jardins: où il existe des créatrures parmi lesquelles sont des rois, des riches, des gens en bonne santé, des malades des aveugles?



Tiré d'un recueil de contes soufis. Posté par Suzanne


dimanche, mars 04, 2007

Chers amis du Cercle Ouroboros.

Voici le conte que nous étudierons samedi prochain: Le roi pêcheur. Il existe plusieurs versions de ce conte, bien entendu, toutes plus ou moins insipirées des récits médiévaux mettant en scène Arthur et ses comparses, les chevaliers de la table ronde.
Voici un lien où vous trouverez une autre version, plus longue, de la deuxième partie du conte.

http://site.latableronde.free.fr/Archives_LTRH.html

Et je vous invite également à approfondir vos recherches et à partarger vos trouvailles avec le groupe.

La version que vous lirez ici, est une traduction libre de celle utilisée par Robert Johnson. Mon but était de lui rester fidèle.
Bonne lecture

Le roi pêcheur

Le jeune prince Amfortas se promène seul dans le bois lorsqu’il aperçoit un saumon qui rôtit sur la braise et comme il a faim, il s’en approche pour le manger. Le saumon est très chaud et lui brûle les doigts de sorte qu’il doit le lâcher. Afin d’alléger sa blessure, il se porte les doigts à la bouche et goûte un tout petit morceau de poisson. Mais les blessures sont tellement profondes qu’elles le condamnent à souffrir pour le restant de ses jours, sauf les trois derniers. Cet épisode laisse le jeune prince froid et le prive de sa chaleur. Il s’éloigne à cheval, brandissant un drapeau sur lequel on peut lire le mot Amour.

Mais voilà qu’en sens contraire arrive le chevalier paien des terres sacrées et Amfortas se prépare à livrer bataille. Les deux s’affrontent et se blessent. Le roi paien est tué mais avant de mourir il réussit à blesser Amfortas en lui enfonçant son javelot dans l’aine. L’agonie du roi commence alors. Il est trop malade pour vivre mais pas assez pour mourir. Le roi est impuissant. Il souffre tellement qu’il est incapable de se tenir droit et de mener à bien les tâches de sa fonction comme souverain. Une seule chose le soulage de sa souffrance : la pêche. Quand il est à la pêche il a l’impression de souffrir moins. Sinon, il passe ses journées étendu sur son lit, souffrant. Or, le château du roi pêcheur renferme le Graal. Tous les soirs, une procession de demoiselles vient dans la salle à manger apportant le pain, la lance, le plateau et la coupe, le tout servant à nourrir les convives. Mais le roi est incapable de se nourrir à cause de sa blessure. C’est Perceval, un bouffon portant le chiffon de sa mère, qui lui apportera le soulagement. En effet, il se promène un jour aux alentours du château royal et aperçoit le roi dans sa barque en train de pêcher. Comme il n’y a pas d’abri à moins de 30 miles, le roi invite Perceval à passer la nuit au château qui se trouve –lui di-il- en descendant la côte et un petit peu à gauche, après le pont. Perceval suit les instructions et arrive au château où il est reçu et conduit à la salle à manger. Il est témoin alors de la cérémonie qui s’y déroule. Il voit émerveillé comment tous se nourrissent sauf le roi. Mais Perceval ne pose pas la question qu’il est censé poser : Qui sert le Graal? Par conséquent, le roi ne peut pas jouir de la boisson miraculeuse qui pourrait le sauver. Perceval passe la nuit au château. Le lendemain, au réveil in enfourche son cheval et quitte les lieux en faisant le chemin inverse. Selon le mythe, il passe les 20 années suivantes à tuer des dragons, à sauver des demoiselles en danger, à assiéger les châteaux avant d’avoir une deuxième chance de visiter le château du Graal.

Un jour Perceval se promène sur les lieux comme jadis. En chemin, il croise quelques pèlerins qui lui demandent pourquoi il porte une armure alors que le roi vient de mourir, Les pèlerins l’amènent chez un ermite qui n’habite pas trop loin. Perceval se rappelle immédiatement qu’autrefois, il n’a pas été capable de soulager la blessure du roi car il a mis de poser la bonne question. L’ermite lui donne alors à nouveau les directions pour se rendre au château, exactement les mêmes que 20 ans auparavant!.

Perceval refait le chemin et se trouve bientôt dans la salle où ont lieu les miracles. Cette fois-ci il pose la question cruciale : Qui sert le Graal? Et immédiatement, il obtient la réponse tant attendue : Le Graal sert le roi du Graal. À ce moment précis, le roi pêcheur est guéri. Mais il meurt trois jours plus tard, comme l’annonçait le début du conte.


dimanche, février 11, 2007

Et le poème que je vous ai lu en tout début d'atelier

Le chemin du retour

Par le chemin du retour

Je rentre chez moi

Je viens boire à la profondeur du puits

Qui ne sait rien des mensonges

À bout de bras

La terre porte mes pas erratiques

Me déposant au seuil de ma peur

La porte est entr’ouverte

Devant moi avance le silence

J’emmène mes os

Des morceaux de phalanges

Rescapées au massacre

Miracle

Je suis en vie

Dame Mort n’a pas réussi à me tuer

J’emmène ma peau alambiquée

Par tant de chagrins

Et mon corps fragmenté

Recouvert d’un linceul

La nuit avance avec moi

Compagnon de route

Je ne connais pas cette demeure

mais elle me reconnaît

J’emmène la mémoire de mes deuils

Bien rangés dans mon bagage

Et les nuits extatiques

Enfermées dans le souvenir

J’emmène mes mains taciturnes

Et mes pieds tachés de sang

Et j’emmène aussi mes rêves qui ont cessé de rêver

Je ne sais pas où je suis mais j’y suis

Enfin

Là ou rien ne se perd

Là où tout devient autre

Soigneusement je dépose les bribes de moi-même

En guise d’offrande, sur les cendres

Et j’attends…

J’attends que mon âme vienne

Par la porte entr’ouverte

à ma rencontre.

Flavia Garcia

10 février 2007

La llorona

Chers amis et chères amies du Cercle Ouroboros

Voici, tel que promis, le conte La llorona que nous explorerons samedi prochain à l'atelier.
Bonne lecture

Un riche hidalgo courtise une femme très belle mais pauvre et obtient ses faveurs. Elle lui donne deux fils sans qu'il daigne l'épouser. Un jour, il lui annonce qu'il rentre en Espagne pour s'y marier avec une femme riche choisie par sa famille et qu'il y emmène ses fils avec lui.
Véritablemente folle de douleur, la jeune femme se comporte comme toutes celles qui se trouvent dans cet état et hurlent leur souffrance. Elle se griffe le visage, se jette sur lui, se lacère, se lacère. Puis, elle prend avec elle ses deux petits garçons et court vers la rivière, dans laquelle elle les précipite. Les enfants se noient et La Llorona s'effondre sur la rive, où elle meurt de chagrin. L'hidalgo rentre en Espagne et épouse la femme riche. L'âme de La Llorona monte au paradis. Là, on lui dit à la porte qu'elle peut entrer au paradis car elle a souffert, mais pas avant qu'elle ait récupéré l'âme des deux enfants dans la rivière. C'est pourquoi l'on dit aujourd'hui que La Llorona, la femme qui pleure, balaie la rive de ses longs cheveux, plonge ses longs doigts dans l'eau pour sonder le fond à la recherche de ses fils. C'est aussi la raison pour laquelle les petits enfants ne doivent pas aller se promener sur le bord de l'eau après la tombée de la nuit, car La Llorona pourrait les prendre pour ses propres enfants et les emmener à tout jamais.

P. 412 Femmes qui courent avec les loups

samedi, février 03, 2007

Le coquillage (par Flavia Garcia)

Entre ciel et mer

Entre brume et lait

Au détour du hasard

Je te trouve

Coquillage solitaire

Épave échouée

Sur les vestiges de moi-même

Tu viens de loin

Remontant la lignée

Des ancêtres incertains

Poussé de siècle en siècle

Par les détonations successives des vagues

Entre jour et nuit

Entre mer et sable

Tu gis

Je viens dévoiler le secret de ton âme

Je t’observe, je fais le tour

De ta beauté imparfaite

J’ai peur que tu me files

Encore entre les rêves

Si j’ose humer la tendresse diaphane

Enfouie dans ta chair humide

Si j’ose te prendre dans la paume de mes yeux

Entre nuit et réveil

Entre sable et lumière

Splendeur conique

Lueur nocturne

Tu déploies tes rondeurs incessantes

A fond je respire ta salive saline

Je bois à toi

Effaçant une à une les traces

Du passé

Imprimées sur ta coquille

Puis, je te dépose

Au bout de tes larmes

Libre

Tu roules sur tes saillies

Épousant la rondeur

Liquide du néant

Et les flots t’emportent

Là ou l’infini et le monde

Ne font qu’un

Il fait déjà nuit

Je saurai retrouver

Le chemin du retour

Dans cette blanche noirceur marine



Flavia GArcia

À propos du Cercle Ouroboros (par Yves Roberge)

Bien que le Cercle ne constitue pas un lieu de thérapie, je trouve la démarche très positive en ce qu'elle permet de se distancier de sa pensée (dans le sens de 'mind'), de la considérer de l'extérieur comme un objet distinct, ou plutôt un assemblage d'objets distincts. Ce qui contribue à dédramatiser bien des éléments de la personnalité. Par contre, pour certaines personnes, il pourrait y avoir une tendance à s'ancrer dans une dialectique, sans jamais s'incarner dans leur moi unique, le "je" en le projetant toujours dans une pensée analytique. Je pense, et c'est un point de vue très personnel, qu'il est aussi important de vivre des moments de drame entier, amour, passion, création, défaite, exploration, où l'on est tout entier absorbé par l'immensité des choses (même des petites choses).
Et voilà, c'était juste une petite pensée mais je crois que le processus du Cercle est très très posititif et la chimie des gens, ces jours-ci, chevauche la science et la poésie avec une aisance peu commune.

Yves Roberge
En forêt
(par Yves Dion)

En forêt, à la belle étoile, on ne voit pas venir la nuit même jusqu'à 22:00 heures et davantage, on dirait qu'il reste toujours une lueur étonnamment forte jusqu'à ce qu'on doive allumer une allumette ou une lampe de poche et alors la nuit nous enveloppe avec une telle profondeur, avec une telle soudaineté, comme un manteau de velours qu'on nous jetterait sur les yeux. Sur le coup, cette noirceur est si riche qu'on croirait qu'on ne pourrait voir notre main au bout de notre bras. La noirceur est comme un voile et fait penser au noir profond du café dans la tasse. Petit à petit, le mur s'éloigne et les formes et les lueurs des objets se dévoilent un peu. La nuit est omniprésente et gigantesque, gigantesque à la mesure de notre imagination qui tente de deviner ce qu'il peut y avoir au-delà de ce voile et au delà de l'espace impénétrable. La lumière forme une bulle et on ne voit les choses qu’à la pièce, l’ensemble ne reste qu’à notre seule compréhension, qu’à notre seule interprétation, qu’à notre conceptualisation, qu’à notre seul souvenir. La réalité pourrait donc être toute autre que ce qu’on en pense, que ce qu’on en a retenu. Notre bulle est à la fois rassurante, familière, inquiétante et angoissante parce que limitée, ce qu’on y voit nous rassure. Alors, vaut-il mieux une faible lueur ou un fort éclairage ? Même le fort éclairage ne nous est pas d’un grand secours, il ne fait que repousser illusoirement l’insondable. Au-delà, l’espace invisible est à la fois tout aussi beau et effrayant parce que tout s’y trouve, tout ce qu’on y met. Avec une allumette, l’ombre est immense et belle, l’ombre n’est ni annihilée ni réduite, elle ne fait que se déplacer avec nos pas, s’ouvre et se referme sur nous, nous enveloppe de sa protection et de son silence ou encore nous enserre, c’est selon.

Alors, on ne va pas éclairer l’insaisissable, on va délimiter notre vision, choisir un endroit où regarder, choisir aussi la portée de notre regard en sachant que peu importe notre prétention à tenter de repousser les limites de notre vision, la profondeur de la nuit est sans limite et porteuse de tous les possibles, de tous les espoirs et de toutes les inquiétudes.


Yves Dion