jeudi, avril 26, 2007

Chers Ouroboriens, chères Ouroboriennes et autres amis blogueurs, bonjour

En prévision de l'atelier de samedi prochain, je vous livre quelques petits extraits, certains de Jung, tous très savoureux.

Jung, à propos de Nietzsche:

...Je lus Ainsi parlait Zarathoustra. Ce fut comme pour le Faust de Goethe, une des plus fortes impressions que je reçus. Zarathoustra était le Faust de Nietzsche et mon côté numéro 2 était mon Zarathoustra... Zarathoustra était morbide, j'en étais persuadé. Mon numéro 2 l'était-il aussi?
Cette possibilité me remplit d'une terreur que je ne voulus de longtemps m'avouer... Nietzsche a parlé naivement et inconsidérement de cet arrheton, de ce secret, comme si tout était dans l'ordre des choses normales. Mais moi j'avais su très tôt que l'on fait ainsi de mauvaises expériences. Son génie aurait dû lui suggérer très tôt que quelque chose allait de travers. Son malentendu morbide, pensais-je, avait été de livrer sonnuméro 2, avec une naiveté et un manque de réserve excessifs, dans un monde totalement ignorant de pareilles choses et incapable de comprendre. Il était animé de l'espérance enfantine qu'il rencontrerait des hommes qui pourraient éprouver son extase et comprendre "la transmutation de toutes les valeurs". Mais il culbuta dans le monde du mystère et de l'indicible qu'il voulut prôner à une masse amorphe et abandonnée des dieux.
C. Jung Ma vie p. 128-129


...et un petit passage de Ainsi parlait Zarathoustra.


C'est aux contempteurs du corps que je veux dire leur fait. Ils ne doivent pas changer de méthode
d'enseignement, mais seulement dire adieu à leur propre corps—et ainsi devenir muets.
“Je suis corps et âme”—ainsi parle l'enfant. Et pourquoi ne parlerait−on pas comme les enfants?
Mais celui qui est éveillé et conscient dit: Je suis corps tout entier et rien autre chose; l'âme n'est qu'un mot
pour une parcelle du corps.
Le corps est un grand système de raison, une multiplicité avec un seul sens, une guerre et une paix, un
troupeau et un berger.
Instrument de ton corps, telle est aussi ta petite raison que tu appelles esprit, mon frère, petit instrument et
petit jouet de ta grande raison.
Tu dis “moi” et tu es fier de ce mot. Mais ce qui est plus grand, c'est—ce à quoi tu ne veux pas croire—ton
corps et son grand système de raison: il ne dit pas moi, mais il est moi.
Ce que les sens éprouvent, ce que reconnaît l'esprit, n'a jamais de fin en soi. Mais les sens et l'esprit
voudraient te convaincre qu'ils sont la fin de toute chose: tellement ils sont vains.
Ainsi Parlait Zarathoustra
Les sens et l'esprit ne sont qu'instruments et jouets: derrière eux se trouve encore le soi. Le soi, lui aussi,
cherche avec les yeux des sens et il écoute avec les oreilles de l'esprit.
Toujours le soi écoute et cherche: il compare, soumet, conquiert et détruit. Il règne, et domine aussi le moi.
Derrière tes sentiments et tes pensées, mon frère, se tient un maître plus puisant, un sage inconnu—il
s'appelle soi. Il habite ton corps, il est ton corps.
Il y a plus de raison dans ton corps que dans ta meilleure sagesse. Et qui donc sait pourquoi ton corps a
précisément besoin de ta meilleure sagesse?
Ton soi rit de ton moi et de ses cabrioles. “Que me sont ces bonds et ces vols de la pensée? dit−il. Un détour
vers mon but. Je suis la lisière du moi et le souffleur de ses idées.”
Le soi dit au moi: “Eprouve des douleurs!” Et le moi souffre et réfléchit à ne plus souffrir—et c'est à cette fin
qu'il doit penser.
Le soi dit au moi: “Eprouve des joies!” Alors le moi se réjouit et songe à se réjouir souvent encore—et c'est à
cette fin qu'il doit penser.
Je veux dire un mot aux contempteurs du corps. Qu'ils méprisent, c'est ce qui fait leur estime. Qu'est−ce qui
créa l'estime et le mépris et la valeur et la volonté?
Le soi créateur créa, pour lui−même, l'estime et le mépris, la joie et la peine. Le corps créateur créa pour
lui−même l'esprit comme une main de sa volonté.
Même dans votre folie et dans votre mépris, vous servez votre soi, vous autres contempteurs du corps. Je
vous le dis: votre soi lui−même veut mourir et se détourner de la vie.
Il n'est plus capable de faire ce qu'il préférerait:—créer au−dessus de lui−même. Voilà son désir préféré, voilà
toute son ardeur.
Mais il est trop tard pour cela:—ainsi votre soi veut disparaître, ô contempteurs du corps.
Votre soi veut disparaître, c'est pourquoi vous êtes devenus contempteurs du corps! Car vous ne pouvez plus
créer au−dessus de vous.
C'est pourquoi vous en voulez à la vie et à la terre. Une envie inconsciente est dans le regard louche de votre
mépris.
Je ne marche pas sur votre chemin, contempteurs du corps! Vous n'êtes point pour moi des ponts vers le
Surhumain!—
Ainsi parlait Zarathoustra.

F. Nietzsche Ainsi parlait Zarathoustra

Partie 1 section 4
(http://inventin.lautre.net/Ainsi_parlait_Zarathoustra.pdf)

Je vous reviendrai avec plus. Profitez de cette belle journée

Flavia

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Bonsoir,

Passionant votre blog !

J'ai ouvert un forum pour parler de l'oeuvre de CG Jung et tout ce qui tourne autour.
Je voudrais avoir un maximum d'échanges. Pouvez-vous venir et vous y inscrire pour participer ? J'ai confiance que vous pouvez apporter à tous qui vous êtes, vos ombres et lumières, vos connaissances, votre expérience, ...

L'adresse : http://archetypes.forums-actifs.net/portal.htm

Bien à vous

Alexandre

Anonyme a dit...

Votre blog est fantastique et je m'y suis perdu là-dedans. J'aimerais en savoir plus sur vous et votre façon d'intervenir.